MEMBRANE EPIMACULAIRE
Le gel vitréen qui tapisse la surface rétinienne perd avec le temps sa structure gélatineuse et se détache de la rétine: c’est le décollement postérieur du vitré. Habituellement sans conséquence, ce décollement postérieur du vitré peut entraîner une prolifération cellulaire à la surface de la rétine. Cela va aboutir à la formation d’une membrane ayant des propriétés rétractiles, responsable de plis et d’une augmentation de l’épaisseur de la rétine. Lorsque cette membrane recouvre la macula qui est au centre de la rétine, on parle alors de membrane épimaculaire.
Les membranes épimaculaires surviennent donc plutôt après 50 ans sans cause particulière. Néanmoins, elles peuvent aussi s’observer suite à certaines pathologies (inflammation chronique, pathologies vasculaires…), ou plus rarement chez des sujets jeunes.
Image en OCT d’une membrane épimaculaire: épaississement de la macula
QUELS SONT LES SYMPTÔMES D’UNE MEMBRANE EPIMACULAIRE?
Comme toute atteinte maculaire, les membranes épimaculaires sont responsables d’une baisse de la vision centrale sans atteinte de la vision périphérique. Elles provoquent également une déformation des images (métamorphopsies), une modification de la taille des images, parfois une vision double (diplopie) incitant à fermer l’œil atteint.
La baisse d’acuité visuelle peut passer inaperçue au début. Parfois même, la gêne reste légère et n’évolue pas. Il n’est donc pas toujours nécessaire d’opérer. L’indication opératoire repose sur l’importance de la baisse d’acuité visuelle, sur l’épaisseur maculaire évaluée par tomographie en cohérence optique (OCT), et/ou l’importance des métamorphopsies.
Grille d’Amsler: représentation de déformations des lignes et d’un flou visuel paracentral lié à la membrane épimaculaire
LE TRAITEMENT NECESSITE UNE CHIRURGIE PAR VITRECTOMIE
L’opération consiste à faire une vitrectomie postérieure (ablation du corps vitré) puis à enlever la membrane avec des pinces de microchirurgie. Les orifices réalisés pour introduire les pinces dans l’œil sont tellement petits qu’ils sont le plus souvent autoétanches. Cette chirurgie qui dure environ 30 minutes, peut se faire sous anesthésie locale et en ambulatoire.
Les rares complications de cette chirurgie sont essentiellement représentées par :
- un décollement de rétine (1 à 3% des cas) nécessitant une nouvelle chirurgie,
- une infection oculaire (endophtalmie). Encore plus rare (1 cas pour 1000) mais grave car elle peut entrainer la perte définitive de l’œil. Elle se manifeste par des douleurs importantes et nécessite une prise en charge en urgence.
- une cataracte qui n’est pas vraiment une complication mais plutôt un effet secondaire de la chirurgie. Elle est quasiment systématique dans l’année qui suit la vitrectomie.
APRES L’OPERATION DE LA MEMBRANE EPIMACULAIRE
Après l’opération, vous aurez un pansement occlusif qu’il faudra faire retirer le lendemain par une infirmière. Les suites opératoires ne sont pas douloureuses mais vous pouvez avoir une sensation de grain de sable, généralement résolutive en quelques jours.
La récupération visuelle est assez lente, partielle, et très variable d’un patient à l’autre. Elle dépend de l’ancienneté de la membrane, de l’importance des anomalies anatomiques préopératoires et des capacités de la macula à se déplisser. Or, à l’instar d’une feuille de papier froissée que l’on voudrait aplanir, elle ne se déplisse jamais complètement. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas attendre trop longtemps avant d’opérer. Les métamorphopsies régressent assez vite mais elles ne disparaissent pas totalement. La majorité du potentiel de récupération visuel est habituellement atteint au bout de 3 mois mais il n’est pas rare d’observer une amélioration qui se poursuit un an après la chirurgie. Dans de rares cas, il n’y a pas de gain visuel mais l’opération aura au moins permis d’éviter l’aggravation de la baisse d’acuité visuelle. Enfin, les récidives sont exceptionnelles mais elles peuvent s’observer dans 5% des cas environ.